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Résumé

1997 est le premier stage international d’un type nouveau organisé par le Spéléo Secours Français à la suite du congrès UIS de La chaux de Fond. Depuis la France par sa commission spéléo secours organise tous les deux ans un stage international de secours spéléo pour 30 à 40 participants. Tous les aspects du secours y sont traités : Assistance aux victimes, évacuation avec et sans corde, communications souterraines, désobstruction avec et sans explosif, plongée, gestion de secours. Les enseignements se font sur le terrain en situation : grotte, gouffres, canyon, falaise. Les cours sont dispensés en français, espagnol et anglais. Les notions enseignées vont des plus simples aux plus complexes et les stages se terminent par un exercice incluant les spéléos de la région et les partenaires administratifs.

Ces stages ont reçus plus de 200 spéléologues venant de tous les continents et de plus de 24 pays. Bon nombre d’entre eux sont devenus responsables secours de leurs pays.

Introduction

L’expérience de la France en matière de spéléo-secours est liée à l’augmentation de la pratique de la spéléologie et des accidents dès les années 70. La France traitait une quarantaine d’accidents par an dans les années 80. Il a fallu un gros travail de formation et de prévention et une amélioration des conditions d’exploration pour descendre à une moyenne de 25 interventions par an en 10 ans. Le traitement de ces accidents a conduit le Spéléo Secours Français à rechercher des solutions dans tous les domaines : technique, matériel, désobstruction, plongée, médicale, communication et gestion. Ces recherches se sont faites dans de nombreux pays pour aboutir aujourd’hui à un savoir faire sur lequel s’appuient les Etats.
Les échanges en matière de spéléo secours existaient depuis de nombreuses années mais ils ont pris un essor depuis 1997 après le congrès UIS de la Chaux de Fond en Suisse.
Cette année là le Spéléo Secours Français a proposé un stage secours international en session post congrès.
L’engouement pour ce thème secours est dû au développement de la pratique de la spéléologie dans de nombreux pays et notamment en Europe. La spéléologie se démocratise et avec une plus grande pratique, malheureusement, les accidents se développent.
Des accords administratifs entre la France et des pays européens permettent la prise en charge financière de ces échanges.

Contexte particulier des stages internationaux

En premier lieu les échanges entre les pays se généralisent. Au départ ces échanges étaient ciblés sur l’enseignement de la spéléologie pour évoluer sur tous les thèmes dont le secours. Les stages scientifiques accueillent des spéléologues étrangers comme le dernier en date dans le Vercors en 2008.
La présence de spéléologues étrangers sur des stages secours nationaux devenait croissante avant 1997.
Les besoins de ces spéléologues dépassaient le contenu technique ou administratif que nous enseignons au niveau national dans nos propres stages.
Enfin la lourdeur liée au temps nécessaire pour la traduction nous ont conduit à mettre en place un stage spécifique réservée aux demandes des spéléologues étrangers.

L’organisation du Spéléo-Secours en France

Nous avons connu une évolution du matériel et des techniques dès les années 80. Nous avons réalisés des tests à la suite de ceux effectués sur le matériel par les Italiens. Cela a donné lieu à la publication du manuel du sauveteur et à une information sur l’évolution des techniques d’évacuation.
Par exemple l’usage d’une corde unique au lieu de deux en secours. Nous avons du faire campagne et formation auprès des équipes spéléo secours pour accepter ce nouveau concept. A cette époque nous accueillions des spéléos Polonais et Hongrois dans nos stages. Nous avons même réalisé un stage complet pour l’équipe secours de Hongrie de Miskolk qui a affrété un car pour nous retrouver en Savoie.
Dès sa création le Spéléo Secours Français a mis au point une gestion pointue des secours afin de gérer les équipes et le personnel engagé sous terre.
Enfin la médicalisation contribue à conditionner les victimes et d’éviter un décès dans le transport. Apporter les soins nécessaires avant l’évacuation est devenu le premier concept.
En 1997, au premier stage secours international organisé par le Spéléo Secours Français je comptais consacrer un temps à chaque pays pour communiquer sur les façons d’opérer de chacun. Mais à la prise de contact, le premier jour, les spéléos des 12 pays représentés nous disaient qu’ils ne savaient pas faire et qu’ils venaient pour connaitre l’expérience développée par la France et attendaient un enseignement complet de notre part.

Contenu des stages

En pré requis, les spéléos doivent maitriser les techniques de progression individuelle sur corde. L’enseignement s’adresse à des spéléos expérimentés.
Les techniques d’évacuation d’une civière à l’aide de cordes sont enseignées avec une progression dans la complexité des situations.
Nous voyons en premier lieu le nœud répartiteur de charge sur 3 points, puis le nœud largable.
Sur le nœud répartiteur nous installons un “Poulie-bloqueur”, suivi d’un palan et enfin la “technique du contrepoids”. Pour chacune des techniques on procède à la mise en place des ateliers. En faisant fonctionner les ateliers chacun se met en situation dans tous les rôles.
Nous terminons avec les tyroliennes qu’elles soient horizontales ou de déviation (obliques).

L’ASV (Assistance Victime)

C’est l’apprentissage de tout ce qui concerne une victime avec la récupération des données sur l’état de santé, puis la mise en confort dans un point chaud avec les notions nécessaires pour un premier déplacement. Nous voyons également le rôle du médecin et l’aide dont il a besoin.

Les moyens de communications téléphone ou radio

Les moyens de communications téléphone ou radio, qu’ils soient filaires ou sans fil, sont mis en œuvre également avec notamment le TPS (Transmission Par le Sol).

La désobstruction

La désobstruction, avec ou sans explosif est également mise en application ; sachant que l’usage ultérieur est soumis aux réglementations propres à chaque pays.

La plongée

La plongée est abordée avec les techniques spécifiques et la démonstration d’une civière conçue pour le franchissement des siphons. L’information et la démonstration sont assurées par les équipes de plongeurs du SSF selon les lieux du stage. Par exemple dans le Jura un stagiaire choisi parmi 7 volontaires a pu être conditionné sur la civière plongée et emmené sous l’eau en lac.

La gestion

Enfin la gestion est abordée avec ses outils spécifiques : diagramme, planning, cahier de liaison, fiches… Cet aspect est systématiquement abordé puis appliqué au cours d’un exercice grandeur nature.

Méthodologie

Les informations sont données en 3 langues : français, anglais et espagnol. Des groupes par langage sont constitués pour un gain de temps et pour un échange plus facile entre les participants.
Les données théoriques sont appliquées ensuite en cavités, gouffres, falaise ou canyon.
Un exercice en association avec les spéléologues et partenaires administratifs permet de se mettre pendant un jour et demi en situation réelle et de voir la gestion et l’organisation d’un secours.
Un bilan de stage sous forme d’une vidéo donne à chacun un récapitulatif des techniques abordées. La vidéo dure environ une heure et provient des 4 heures de séquences tournées au cours du stage.

Evolution

En dix ans nous avons pu observer une uniformisation des équipements individuels, allant vers une plus grande sécurité.
Maintenant les stagiaires qui arrivent ont souvent appris les principes de base chez eux. Cela permet d’approfondir et accorder plus de temps aux notions d’ASV, de désobstruction et de gestion.
Les spéléos sont demandeurs de gestion et de soutien sur le plan administratif. Dans plusieurs pays la reconnaissance des compétences des équipes de spéléologues par les Etats ou les gouvernements se pose.
Les problèmes de responsabilité, de finances, d’assurance ou de couverture administrative des sauveteurs engagés sont maintenant d’actualité.
Si le nombre grandissant de la pratique de la spéléologie dans de nombreux pays apporte des résultats, il conduit statistiquement à des secours plus fréquents.
La formation et le partage d’expérience devrait conduire à une diminution de ces accidents mais pas pour autant à la disparition des secours.
Il est donc nécessaire de poursuivre les échanges et les formations.
A l’échelle des continents et sous-continents il faut développer le travail de recherche et faciliter ainsi localement des renforts en cas de secours.

Les stages internationaux en France de 1997 à 2008.

En 10 ans nous avons organisé 6 stages internationaux. Chacun sur une durée de 8 jours.
En 1997 dans les Alpes, en 1999 – 2001 et 2003 dans les Pyrénées, en 2006 dans le Jura puis en 2008 dans les Alpes.
Quelques stages Nationaux ont reçu également des spéléologues que ce soit en ASV, Désobstruction, Equipier-chef d’équipe, stage de Conseiller Technique.
Nous avons reçu prés de 200 spéléologues venant de tous les continents et de 22 pays :

  • Afrique : Maroc
  • Amérique : Canada, Brésil, Mexique, Puerto Rico.
  • Asie : Liban, Japon.
  • Australie.
  • Europe : Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, Hongrie, Irlande, Italie, Pologne, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Slovénie, Suisse.

En dehors de ces stages qui se sont déroulés en France nous avons organisé ce même type de stage 3 fois au Mexique et une fois en Russie.
Une autre forme d’échange concerne l’envoi de cadres techniques pour soutenir ou conseiller des pays organisateurs de formation secours chez eux. Ce fut le cas ces dernières années avec 7 pays : Liban, Roumanie, Bulgarie, Pologne, Hongrie, Espagne, Grèce. Nous accueillons également les spéléologues de Belgique lorsqu’ils organisent eux mêmes leur propre stage en France.

Conclusion

Nous sommes conscients de l’importance de l’implication des spéléologues dans leurs propres secours.
Du fait de leur connaissance des lieux, du fonctionnement des cavités, de leur connaissance des moyens de progression et de secours ils peuvent et doivent jouer un rôle dans les secours spéléologiques.
Les services de secours traditionnels et souvent professionnels ne peuvent assurer l’existence d’équipes suffisantes pour faire face aux rares secours spéléologiques dans un pays.
Que nous soyons en visite dans une cavité ou en exploration ou encore si nous menons des recherches scientifiques nous devons pouvoir mettre en sécurité une victime et nous associer aux secours si nécessaire.
Cet engagement nous confirme dans une pratique responsable auprès de nos administrations de tutelle. Nous devenons également des auxiliaires disponibles et compétents si l’accident survient à des personnes non organisées ou n’appartenant pas à une organisation spéléologique.
Enfin bon nombre de spéléologues ayant suivi les stages sont aujourd’hui responsables des spéléo-secours de leurs pays.
Les techniques et méthodes sont les mêmes dans tous les pays ce qui permet une meilleure synchronisation en cas de renfort d’un pays à l’autre.
La France n’est pas la seule à pratiquer ces échanges et ces dernières années de nombreux pays ont transmis également leur savoir faire comme la Belgique avec la Turquie ou la Suisse avec Cuba.
Enfin la formation aux techniques de secours procure une plus grande autonomie des pratiquants et permet tous les ans à des équipes de se sortir par eux-mêmes de difficultés parfois importantes.

Bibliographie :

Manuel du Sauveteur – édité par le Spéléo Secours Français – Editions SSF en 2005
(3 versions : française, anglaise et espagnole)
Compte rendu des stages internationaux – par Christian Dodelin – INFO SSF n°92 septembre 2008 (p17 à 19)
Résumé des essais SSF de 1994 et 1996 – par Jacques Gudefin et Christian Dodelin – dans Dossier d’Etudes et de Recherches du Spéléo Secours Français en mai 1998 (p 25 à 36)