Salut à tous et aux experts en technique en particulier
Je commence à voir apparaître dans le Jura (l’on est parfois en retard de 20 ans, mais…) des amarrages en fixe avec les vis Multi-Monti MMS de
Mais avez-vous déjà envisagé l’utilisation de ces amarrages en secours ? Car je vais bientôt être interpellé sur le sujet, à n’en pas douter !
Réponse de la CVT
1. Les atouts du Multi-Monti
C’est un ancrage pratique d’utilisation : pour le poser, il suffit de forer, pas de trou à finir au tamponnoir..
De plus, ces vis Multi-Monti présentent de très bonnes caractéristiques de résistance et de tenue, au moins lors de leur première mise en place, dans un trou neuf. Celles-ci sont de l’ordre de 1440 DaN au cisaillement et 2480 DaN à l’arrachement.
Enfin, c’est un ancrage qui ne procure que peu de contraintes mécaniques sur la roche environnante lors de sa mise en place à comparer d’un ancrage à expansion (spits ou gougeons). C’est un accessoire de plus dans la panoplie du fana de l’escalade artificielle qui souhaite ne laisser qu’une empreinte minimale dans
2. Les inconvénients
Ils sont hélas assez nombreux :
1. Perte conséquente de résistance au re-vissage, dans un forage déjà utilisé pour la mise en place d’une vis Multi-Monti. Ni le fabricant ni personne ne se risque d’ailleurs à donner une valeur de résistance dans ce cadre de ré-utilisation d’un perçage antérieur. C’est la friabilité du calcaire au niveau de la denture du filetage qui demeure un facteur bien difficile à évaluer.
En gros,
2. L’accessoire est peu rentable en escalade artificielle si l’on est à la recherche de la performance (on parle là, hors opération de secours, évidemment). En effet, comparons-le à
Avec
À diamètre égal, la Multi-Monti n’est pas préférable non plus à un goujon, qui doit certes lui aussi être vissé à la clé, mais sur une longueur plus intéressante, car plus courte sur certain modèles. Sauf évidemment si l’on choisit de percer plus profond que nécessaire, afin de faire écolo en l’enfonçant après usage.
3.
4. On ne dispose pas de données chiffrées, ni de recul concernant la perte de résistance liée à la torsion appliquée à la tête de la vis (réalisée dans un acier spécial) lors de chaque vissage et dévissage, sachant que c’est la vis elle-même qui crée son propre filetage dans le rocher, en nécessitant évidemment un couple proportionnel à la dureté de celui-ci. C’est une raison de plus pour ne pas sortir du principe de l’usage unique.
5. Les Multi-Monti demandent un outil de perçage motorisé (sauf bien entendu si l’on utilise un tamponnoir muni d’une tête de forage en 6mm …ce qui ne se trouve pas dans le commerce. Cette opération, vu la profondeur de perçage nécessaire, est presque aussi gourmande en énergie que la pose d’un spit conventionnel.
6. Une plaquette montée avec ce type de vis est incompatible avec les ancrages de type spit. Ce qui impose par conséquent de traîner des plaquettes spécialement dédiées à cet usage.
7. Enfin, il faut relever que si la pratique de ce type d’amarrage venait à se développer, et sachant que le trou n’est pas réutilisable, il faudrait repercer à chaque rééquipement du passage après avoir condamné le trou antérieur. À terme, les têtes de puits exiguës seraient détruites, tout comme les rares panneaux de roche parfois exploitables sur des franchissements dans un contexte de mauvaise roche.
3. Et dans le cadre d’escalades artificielles en opération de secours ?
Même dans ces circonstances, la pose de spits demeure indiscutablement l’option la plus fiable. En effet, si une escalade est réalisée dans le cadre d’une opération de sauvetage, on ne peut pas exclure qu’elle ne sera jamais retentée dans le futur.
La pose de goujons est aussi une bonne option, elle offre deux avantages :
– il existe une multitude de types de goujons (de très courts à très long, à expansion simple ou multiple) ;
– par rapport aux spits, les goujons procurent un gain de temps non négligeable, croissant avec la distance à parcourir.
Cependant ces derniers ont aussi leurs inconvénients :
– les goujons, qui s’oxydent plus rapidement (sauf s’ils sont en inox) seront bien moins durables dans le temps ;
– en prenant du jeu à l’usage (selon la dureté de la roche), ils imposent un contrôle et un resserrage réguliers. Avec une limite : le moment où ils ne peuvent plus être resserrés, l’écrou étant à fond de filet, et doivent donc êtres condamnés ou extraits.
– dépassant de la roche en permanence, ils sont exposés aux risques de chutes de pierres et aux crues charriant des cailloux.
4. En conclusion
Nul doute que ce n’est pas
Le spit né dans les années 60 reste et doit rester l’ancrage universel pour la pratique de la spéléo, opérations de secours comprises.
Et ceci pour au moins quatre raisons :
– 50 années d’utilisation prouvent sa fiabilité en spéléologie avec un recul plus que suffisant ;
– il est durablement ré-utilisable ;
– il peut être apposé aussi bien manuellement qu’au perforateur ;
– il est connu et maitrisé par tous les spéléos normalement formés.
À nous d’être vigilants pour qu’il ne risque pas d’être confondu demain par un spéléo, clé en main, avec une vis Multi-Monti malencontreusement posée en fixe…
Bibliographie
http://www.heco-schrauben.de/ceasy/modules/cms/main.php5?cPageId=169
http://www.cens.it/06d09multimonti.htm
Spéléo n°60, P26 et 27
Données constructeur