Lors d’un exercice inter-départemental, j’ai été surpris de ne pas trouver de sangles à disposition dans le lot de matériel disponible et du coup de voir sous terre un répartiteur de charge “hors manuel”. En fin d’exercice, je questionne un des CT à ce sujet, sa réponse: “..les sangles n’ont pas leur place dans un lot matériel SSF et ça fait longtemps qu’on ne s’en sert plus!” Dans un souci d’uniformité des techniques, de sécurité et d’efficacité, j’aimerais une réponse de votre part précisant les conditions et limites d’utilisation des sangles dans les techniques SSF. Cela permettra de travailler sur des bases communes et indiscutables. Merci d’avance.
Réponse de la Cellule de Veille Technique 15/10/2013
Que les sangles soient d’une utilisation restreinte en secours, oui… mais de là à aller dire qu’elles n’ont pas de place dans un lot secours, Non ! Ce n’est en aucun cas un positionnement du SSF national dans ses formations ou préconisations. En effet, àla page 39 du Manuel du sauveteur version 2005, il est précisé :
Les sangles
Leur usage est restreint à l’enserrement d’ancrages naturels, au déport d’un point de frottement pour une corde de progression ou encore au déport d’un point d’ancrage pour la confection d’un répartiteur de charge.
Tout est dit dans ces quelques lignes ainsi que dans celles qui suivent (à la page 40 au sujet des cordelettes en Dyneema). En effet, qu’il s’agisse de sangles ou de cordelettes en Dyneema, nous sommes en présence d’éléments que l’on peut qualifier « d’accessoires consommables» utilisés couramment pour utiliser un ancrage naturel ou éliminer un quelconque point de frottement, par exemple sur un brin de corde d’un répartiteur de charge.
Ces sangles ou cordelettes en Dyneema doivent toujours, quel que soit leur support, être considérées par leur utilisateur de la même façon qu’un « spit », c’est à dire comme un élément dont on ne peut aucunement quantifier (au moment même de son emploi ou d’une potentielle violente sollicitation) sa réelle capacité de tenue. De ce fait, tout comme pour un « spit », on devra clairement s’abstenir d’en faire usage si on a le moindre doute sur sa tenue ou sur la qualité du support utilisé. De même, comme pour l’emploi de « Spits » en place et suivant les principes élémentaires de l’équipement d’une corde de progression en spéléo, on doublera toujours un ancrage sangle ou cordelette en Dyneema au moyen d’un autre ancrage distinct dans le cas d’un départ de main courante ou de verticale afin de disposer en l’occurrence d’un amarrage de départ absolument conforme, fiable et irréprochable.
Il faut bien prendre en considération qu’une sangle en polyester, en polyamide, mixte en Dyneema… suivant son mode de construction, sa largeur, la forme de son support, son histoire, son âge, son emploi sur un point de frottement agressif, voire présentant une certaine mobilité ou un risque potentiel d’échauffement à l’usage, son passage – à simple, a double, en tête d’alouette – ou son mode de nouage, va entraîner que sa résistance (comme pour un « spit ») demeure totalement indéfinissable au moment même de l’usage… Un exemple : certaines mesures de terrain faites sur des « spits » ont donné des plages de résistance allant de 2200 DaN pour les plus résistants à seulement quelque 170 DaN pour un « spit » planté dans une roche friable ou un « spit » présentant un filetage fortement usagé. Les quelques essais menés sur les sangles et cordelettes en Dyneema montrent, eux, une plage de résistance présentant moins d’amplitude et un peu plus favorable, mais avec toutefois des données de résistance qui peuvent se trouver au regard de certaines configurations précédemment évoquées en dessous des 400 DaN.
En guise de conclusion, on peut simplement rappeler que la sangle est un dispositif d’ancrage comme un autre (spits, dyneema..), avec comme précédemment évoqué un certain nombre de réserves quant à son champ d’utilisation. Il demeure toutefois très clair qu’une sangle (et là, peu importe son type ou ses caractéristiques) ou un anneau de dyneema ne peuvent en aucun cas se voir utilisés comme anneau de répartiteur. En effet seuls des anneaux de cordes semi statiques de type A et en parfait état d’usage peuvent répondre à cette fonction en matière de dispositif d’amarrages (répartiteur de charge) applicables aux techniques de secours souterrains.